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Cordonnerie de Saint-Nazaire

Retour sur l’histoire d’un commerce centenaire

15h45 – 13/11/2023

Par Yohann Harvey Simard, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Essentiels à l’époque où le réflexe le plus répandu était encore de réparer, et non de remplacer ses chaussures lorsqu’elles étaient abîmées, les cordonniers sont maintenant en voie de disparition. Jusqu’en 2020, Saint-Nazaire disposait toujours d’une cordonnerie. Elle s’y trouvait depuis 100 ans.  

Son dernier propriétaire a été Jean-Marie Pelletier, un résident du village. Il l’avait reprise à son frère en 2007, tout comme son frère avait pris la relève du paternel en 1968. Leur père, Léonidas Pelletier, a ouvert sa cordonnerie sur la rue Principale de Saint-Nazaire en 1920. Il aménagera son atelier à même une petite extension qu’il construit à sa maison.

À l’instar de ses fils, Léonidas Pelletier avait lui aussi marché dans les pas de son père, Charles Pelletier. Sans être cordonnier à proprement dit, ce dernier avait roulé sa bosse en fabriquant des attelages pour chevaux. Chose certaine, c’est que l’homme savait travailler le cuire et manier le marteau à battre, des aptitudes qu’il commence à enseigner à son fils Léonidas dès les neuf ans du garçon.

Une histoire de famille

Sans y travailler à temps plein, Jean-Marie Pelletier se rend souvent à la cordonnerie de son père, et ensuite de son frère, où il vient donner un coup de main les soirs. « La cordonnerie n’a pas de secrets pour moi », dit-il, précisant que c’est toutefois comme couturier pour une entreprise de Jonquière qu’il gagnera sa vie.

En 2007, alors âgé de 72 ans, le Nazairien reprend le flambeau à son frère qui rend l’âme la même année. Jean-Marie Pelletier sort ainsi de sa retraite pour faire vivre la cordonnerie familiale jusqu’en 2020, année où il déposera ses outils pour de bon alors que son âge le rattrape.

Un métier rude, mais gratifiant

Jean-Marie Pelletier raconte que son père « travaillait toujours en sifflant. C’était sa façon de ne pas sacrer! », se souvient-il en riant.

C’est que le métier de cordonnier peut parfois éprouver la patience de ceux qui le pratiquent. « Ça ne marche pas toujours comme on veut, il faut être très patient pour être cordonnier. »

« Ce qui m’a toujours motivé, c’est la satisfaction que j’en retirais. Contrat après contrat, ça restait toujours aussi important pour moi de faire le travail au meilleur de mes compétences parce qu’après, les gens étaient contents et moi, j’étais fier. Que ce soit pour un gros ou un petit contrat, je mettais toujours autant d’efforts. »

C’est avec le sentiment du travail accompli que Jean-Marie Pelletier dit avoir tiré sa révérence il y a trois ans. Il sait qu’il a su gagner la confiance de sa clientèle, comme l’avaient fait son frère et son père avant lui.