18h27 – 03/11/2023
Ce sont 2 286 policiers, soit 190 par mois, 44 par semaine et six par jour qui ont été victimes de voies de fait au Québec en 2022. Tels sont les données troublantes qui ont été rendues publiques pour la première fois lors de la conférence de l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) vendredi matin, qui s’est déroulé à l’Atelier de musique de Jonquière.
« Nous désirons aujourd’hui adresser un problème majeur, soit celui des voies de fait contre les policiers. 15 000 policiers au Québec, hommes et femmes, veillent chaque jour à la sécurité des Québécois. Malheureusement, plusieurs d’entre eux se font agresser physiquement. La fonction policière devrait être mieux respectée. Nous rendons publiques ces données, car il est important que la population connaisse les risques que les policiers prennent quotidiennement. Oui ils font leur travail, mais c’est loin d’être un travail facile », a émis le directeur du Service de police de Saguenay, Denis Boucher.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette augmentation de voies de fait commis en 2022, dont la hausse de la violence armée et des clientèles vulnérables, la banalisation de la violence via les médias sociaux, la postpandémie et bien plus. Reste que, selon le président de l’ADPQ et directeur du Service de police de la Ville de Québec, Denis Turcotte, un individu qui effectue des voies de fait contre un policier envoie un message de non-respect de la fonction policière, mais aussi des lois qui encadrent la société.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean n’est pas épargné par la problématique, qui a également pris de l’ampleur au cours des trois dernières années. En 2020, 66 policiers ont subi une agression. En 2021, ils étaient 73, alors qu’en 2022, le nombre a grimpé à 88.
Campagne de valorisation importante
C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’Association des directeurs de police du Québec a lancé sa 10e capsule, dans laquelle il a été possible d’y entendre le récit de l’inspecteur au Service de police de Saguenay, Tommy Gagné, ainsi que de sa collègue et lieutenante au bureau des enquêtes criminelles Sophie Claveau.
Tommy Gagné rappelle les 183 coups de feu qui ont été tirés à leur endroit lors d’une intervention en violence conjugale, survenue en 2003. La vidéo s’inscrit dans la campagne de valorisation du métier policier.
Tommy Gagné a expliqué pourquoi il était important pour eux de prendre part à cette campagne.
« En dessous de l’uniforme, il y a un humain. La différence, c’est que l’humain en dessous de l’uniforme n’a pas de marge d’erreur. S’il se retrouve en situation de défensive, il y aura probablement plus de conséquences directes sur son travail, que la personne qui l’a agressé. Il faut donc essayer de trouver un juste milieu là-dedans pour pas empêcher nos policiers de faire leur travail, tout en mettant le moins possible leur sécurité en jeu », soutient-il.
Plusieurs choix stratégiques devront être effectués pour arrêter ce phénomène à court, moyen et long terme. D’après le directeur général de l’APDQ, Didier Deramond, il s’agit pour le gouvernement du Québec de poursuivre le financement des programmes tel que le déploiement d’équipes mixtes d’interventions psychosociales et policières de proximité, idem pour la valorisation de la fonction policière. Ce dernier estime que le déploiement de caméras portatives pourrait s’avérer une solution pour atténuer la situation.